A l' infinitésimal...

Par une nuit d'orage et d'éclairs, je me dépêchais de rentrer chez moi.

Mes sandales s'étaient cassées et je continuai le chemin à pieds nus, dans la boue. 

Le vent s'infiltrait dans les arbres et cassait les branches. 

La pluie battait mon visage que j'essayais de protéger de mes mains.

Soudain, je glissai et dévalai la petite pente près de mon village. Je me retrouvai dans une sorte de clairière.

Il faisait très sombre. Il n'était pourtant pas tard mais les nuages assombrissaient le ciel.

Seuls les éclairs illuminaient ma route par instant.

Quand soudain, je fus apeurée en me retrouvant face à Shar.

Le tigre dont tout mon village parlait depuis des générations.

Sa réputation de mangeur d'hommes allait au-delà des montagnes.

Il semblait énervé par ma présence. Je sentis son haleine sur mon visage.

Il rugit. Je tremblais. Mon grand-père m'avait dit que si un jour je devais le croiser,

je devais lui montrer qui j'étais. Je ne devais pas baisser le regard et lui montrer ma peur.

Il devait savoir à qui il s'adressait.

Je me répétais ses paroles et je redressai le visage, trempé.

Je le fixai. Je restai à sa hauteur. Deux-trois minutes passèrent qui me semblèrent

 des heures, quand à ma surprise, il s'assit.

Les éclairs se firent de plus en plus rares. J'entendais encore le tonnerre au loin.

Shar s'abrita sous l'arbre à côté de moi. Il me jaugeait. Son regard ne me quittait pas. Il était sur la défensive.

Je ressentais ses craintes. Il ne savait pas qui j'étais ni ce que je pouvais lui faire. Je remarquai

des cicatrices sur le flanc droit. Ses rencontres n'avaient pas toujours été bonnes. 

Il n'avait pas toujours vécu paisiblement apparemment. Il était beau, comme on me l'avait longuement raconté.

Fort. Puissant. Majestueux.

Mais aussi

Vulnérable.

Il s'allongea de côté. Je me détendis un peu. La pluie cessa.

Ce n'était pas un tueur d'hommes. C'était Shar.

Un tigre royal dont sa réputation avait été faussée par la peur et l'ignorance

ce qui lui valut une vie de crainte et de vulnérabilité.

Il souhaitait vivre sa vie de tigre, en paix, dans sa vaste forêt.

Je m'allongeais délicatement sur l'herbe boueuse face à lui. Son regard dans le mien.

Je priai pour lui pour que les gens comprennent l'importance de sa vie et pour sa protection.

Je priai pour moi pour m'excuser d'avoir pensé le tuer avant même de comprendre, par peur.

Le ciel se dégageait gentiment. Une belle lueur à l'horizon pointait le bout de son nez.

Un espoir pour que la vie des uns et des autres puissent se dérouler dans la paix

et que l'ignorance soit traitée par  l'humanité et l'amour.